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Wednesday, 29 March 2017

RAHARAHA 1947

 

Ceci n'est pas un essai d'un historien avéré. C'est juste un devoir de mémoire, pour mémoire.

Je ne sais pas comment définir ce qui s'est passé à Madagascar en 1947. "Evénement" serait le mieux approprié.

Ma famille, du côté paternel, en a vu de toutes les couleurs. Mon oncle, le frère de mon père, alors étudiant en médecine, était un fervent militant, un des meneurs. Mais il n'a rien revendiqué plus tard. En quelque sorte je crois avoir de qui tenir!

Avec ses compagnons de lutte, il sillonnait la grande forêt de l'Est pour fuir les répressions. De l'Alaotra Mangoro au Vakiniadiana. Avec lui, une de ses petites sœurs, faisant office de sentinelle, de gardienne des camps volants et de cuisinière. Elle a accompli ses tâches, non sans séquelles. Il fallait en effet étouffer au plus vite le feu à la moindre suspicion qu'un avion survole la dense forêt. La fumée serait fatale si la troupe coloniale l'apercevait. Les repas en pâtissaient, évidemment. Plus tard, et jusqu'à sa mort, la tante sursautait au moindre éclat. Elle ne s'en est jamais remise.

Par ailleurs, du côté de la grand-mère, toujours paternelle, il a fallu se planquer. La petite famille a dû se séparer, pour la sécurité. Un des frères de la mamie est alors parti, et n'est plus revenu. Selon les rumeurs, il se serait rendu au Sud-Est, du côté de Vohipeno. On n'avait plus de ses nouvelles. Moi, j'ai retenu son nom, que je tairai ...

Plus tard, je crois reconnaître en quelqu'un ce grand-oncle disparu! Je suis certaine que ce Monsieur nous connaît, sans le dire. Il a ses raisons que je comprendrais. Et jamais, au grand jamais, je n'aborderai avec lui cette histoire. Ni avec lui, ni avec ses descendants.

Voilà, 70 ans plus tard, je suis l'héritière volontairement muette d'une famille meurtrie pour la cause de cette île, de cette nation.

Des histoires, aurais-je le temps et le courage de les écrire? Puisqu'en 1895, on n'est pas non plus resté les bras croisés ...

Notre stèle à nous, c'est dans nos mémoires. Aucun besoin de fleurs ni de discours ni de sonnerie aux morts.

 

 

00:00 Posted by Rondro H RAKOTOBE | Tags: bozy boleta, rondro h régnier, 29 mars 1947 | Comments (0) |  Facebook | | | |

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