CHAÎNE D'EFFROI

Quand on entreprend quelque chose, il faut le faire dans les règles, sinon, autant ne pas faire. Je parle des vaccinations. Des élans sporadiques surviennent d’une manière soudaine, pour des campagnes de vaccination. Des études définissent la population visée, la période et la fréquence. Puisqu’il faut savoir que cela ne concerne pas tout le monde. La couverture vaccinale dont on parle dans les rapports d’activités, puisqu’il faut bien faire des rapports bien ficelés et bien fournis, serait peut-être le cumul de quelques actions étalées dans le temps. On se leurre dans les chiffres. On se donne pour objectif, les chiffres.

 

Mais savez-vous dans quelles conditions tout cela se passe. La fameuse chaîne de froid n’est nullement respectée. Je doute fort que c’est inconnu. Il ne faut pas se poser des questions sur les lots : la provenance, les différentes manipulations logistiques. D’abord, le lancement de chaque événement à caractère officiel est toujours fait d’une manière festive : des estrades, des haut-parleurs, des micros, des chanteurs, des danseurs, des discours, des feuilles de bananiers, des drapeaux et fanions, des jeux … Tout ça évoque un budget, donc de l’argent. Le plus haut gradé de l’assistance donne le coup d’envoi. Souvent, il ne s’agit pas d’un professionnel du secteur de la santé. Un profane pour un acte médical ! Il tient bien au chaud dans la paume de sa main la capsule de l’antipolio. Tout se passe sur la place publique sous un soleil au zénith. Toutes les chaleurs sont au rendez-vous. Les lots de vaccins ont déjà fait un parcours du combattant, des fois dans une glacière de fortune en polystyrène expansé, à moto ou à dos d’homme.

 

Par ailleurs, la plupart des centres de santé de base ne disposent pas d’électricité, ou s’il y en a, la coupure est fréquente. Alors, quelle efficacité devrait-on espérer dans ce cas ? On fait semblant, on s’acquitte d’un devoir, on présente les rapports d’activités, on empoche les indemnités et à la prochaine !

 

La santé publique n’est pas ma tasse de thé, j’admets. Mais il fallait signaler les anomalies flagrantes que l’on passe sous silence.