J'ADORE LA PLUIE

J’adore la pluie. J’adore le temps qu’il fait quand il va pleuvoir. J’adore les bruits que font les tonnerres, le vent, l’orage. J’adore la morosité du temps. Quand je marche sous la pluie, tout se confond sur mon visage. Seul mon cœur arrive à distinguer mes larmes de tout autre écoulement. J’ai écrit quelque part : « si l’on brave tous les dangers pour rentrer, c’est qu’il est très douloureux d’être un étranger ». J’ai toujours été convaincue qu’on n’est mieux que chez soi, quels que soient les faux semblants essayant de me retenir, faisant croire que l’on se plaise en ma compagnie.

Je brave la peur, celle d’être agressée toute seule sur cette route isolée et déserte allant chez nous. Je brave la fatigue, devant faire à pied 2 km, avec mes courses et mes documents de travail sous les bras, souvent sous un soleil caniculaire.

Je préfère rentrer pour ne déranger personne par ma présence. Je ne suis pas assez abrutie pour ne pas ressentir toutes les formes de rejet. Un sage de la Bible chrétienne a déjà mis en garde, que trop de visites nuisent à la relation. Je ne suis pas assez idiote pour croire aux dires que la porte et les bras et les cœurs me sont grand ouverts, à tout instant. J’ai connu les clins d’œil entre hôtes, j’ai été sensible au silence embarrassant ponctuant certaines conversations, j’ai reçu des signaux physiques m’interdisant certains accès, j’ai compris les sous-entendus glissés dans les blagues et plaisanteries et radotages et potins … Et je n’attendrai pas un coup de pied franc pour chercher en titubant la porte de sortie. Et par-dessus tout, je déteste être interrogée comme pour enquête policière, façon de me provoquer, insinuant que je ne fais que me balader. Ce n’est pas la bonne méthode pour me tirer les vers du nez sur ma vie !

Ne vous inquiétez pas, je rentre. Qu’il pleuve ou qu’il neige …