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Saturday, 18 August 2012

JUSQU'A PREUVE DU CONTRAIRE

Que de prières, tant de sacrifices, dévotions en tout genre et venant de toute part, encensements et j'en passe. Des siècles durant, des louanges à n'en plus finir, des témoignages sincères ou aveugles ou délibérément complaisants …

Toutes les souches et toutes les couches y sont passées, sans considération de quelque critère que ce soit. Ces gens ont cru, s'évertuent à croire et pas prêts à lâcher prise. Et on en est là. Aurais-je à les admirer ou devrais-je en rire ? Ils sont peut-être mieux éclairés, ils savent très bien en qui et en quoi ils croient. Auraient-ils eu des bons prédicateurs, seraient-il largement plus intelligents que moi ou carrément dénués de bon sens ?

Puisque moi, j'ai gobé tout ce que les prétendus connaisseurs en matière de Foi et apparentés m'ont brillamment enfoncé dans le cœur et le crâne. Puisque l'acte de Foi, par définition, est l'adhésion ou action non fondées sur la raison, mais sur une profonde et fervente conviction ! Qu'est-ce qu'il me faut pour être convaincue ? Voilà la question. Mes précepteurs doivent se réjouir et jubiler puisqu'ils ont réussi à faire de moi une illustration par excellence du soi-disant fruit de la sagesse; la sagesse, qui par définition aux yeux de mon environnement, signifie humilité, sobriété, obéissance, soumission … L'on a ancré au plus profond de mon être que je n'ai à me soucier de rien car Dieu se charge de tout, il veille sur moi SI je marche dans sa voie en faisant sa volonté. Une voie réputée impénétrable pourtant, et une volonté qu'aucun être humain, jamais, ne pourra prétendre à cerner. Et l'idiote que je suis a cru, tout simplement. Evidemment, j'ai agi et réagi puisque sans acte, la foi est vaine. J'ai agi dans le chemin étroit tracé par mon éducation venant de toute part ; venant de toute part pour déboucher dans le même principe. J'en conclus que je n'ai pas rempli la Condition : "Si je fais sa volonté …"

Me voilà seule face à ma vie, mon existence : le passé non formatable qui a laissé ses empreintes; le présent tel qu'il se présente; et l'avenir avec son lot d'incertitudes. Je me rappelle la devise d'un projet pour lequel j'ai travaillé sitôt mes longues études terminées, une devise que j'ai moi-même trouvée, et qui disait "Arafitry ny tanako ny fomba hiampitako" (je fabrique de mes mains l'embarcation qu'il me faut pour traverser le fleuve). Comment ai-je pu pondre un tel précepte qu'apparemment je n'ai pas mis en pratique ? Ou bien à quel moment de mon parcours ai-je été distraite ? Je me souviens soudain de cette devise et conclus jusqu'à preuve du contraire que je ne peux compter que sur moi-même : ce que je n'arrive pas à faire avec les moyens dont je dispose ne se réalisera jamais. Je ne peux compter ni sur une puissance imaginaire ni sur un miracle qui relève des contes et légendes. L'on me répète sans cesse qu'il faut persévérer dans la prière. Que celui qui demande reçoit. Que qui ne demande rien n'a rien. Que Dieu est Amour. Que Dieu sait ce qu'il me faut et me comble même si je ne demande pas. Que j'ai du prix à ses yeux, bien plus que les moineaux et les fleurs des champs. Que rien n'est impossible à Dieu.

S'il en est ainsi, je conclus que, soit les prières n'arrivent pas à destination, soit Dieu peut mais ne veut pas, soit Dieu n'existe même pas ! Durant la moitié de mon existence, donc la totalité de ma jeunesse, l'on ne m'a brandi que ces versets "positifs". Quand je me suis alors réveillée de ma torpeur, quand j'ai commencé à me rendre à l'évidence en posant et me posant des tas de questions, l'on me lance et me balance pour mater ma révolte que toute demande a trois éventuelles réponses : Oui - Non - Attends d'abord. Ce que je n'ai jamais entendu auparavant, bizarre ! Si c'est OUI, c'est clair, aucune ambiguïté. Mais comment distinguer un refus d'une mise en attente ?

En ce qui me concerne, j'ai laissé le temps courir sans penser à quelques limites que ce soit. Chaque chose en son temps, c'est bien vrai alors, au propre comme au figuré. L'heure c'est l'heure, ni avant ni après. Le temps perdu ne se rattrape jamais. Biologiquement parlant, le temps est déterminant. L'Eternité, l'Eternel, Celui qui n'a ni commencement ni fin n'ont absolument rien à voir avec le petit être biologique que je suis. Une attente de plus ne ferait qu'amenuiser le peu de chance qui me resterait ... Je rumine amèrement tout ce que j'ai laissé passer en croyant que quelque chose de meilleur me sera réservé.

Jusqu'à preuve du contraire, il s'agit d'une fable à dormir debout. Mais qui va me prouver le contraire ? Le tenant du pouvoir doit être si merveilleusement adulé pour ciller à cause d'une graine de poussière que je suis….

Pauvre de moi !

En ligne le 25/03/2010 – 17h02

Commentaires :

Anar et révolté, ton style est vraiment émouvant. On dirait du Sartre. J'apprécie. Qu'est que nous pouvons bien écrire ensemble? BENAH Michel – 20/04/2010 – 16h55

12:30 Posted by Rondro H RAKOTOBE | Tags: michel benah | Comments (0) |  Facebook | | | |